Déjà éliminé de la Ligue des Champions et assuré de ne pas participer à l’Europa League au printemps prochain, le Stade Rennais vit une période sombre à l’aube de rencontrer le FC Séville pour son dernier match Européen. Une compétition débutée dans une grande excitation mais aujourd’hui, Julien Stéphan et ses hommes s’apprêtent à jouer dans l’anonymat le plus total cette rencontre. Décryptage de la galère Rennaise qui dure depuis pratiquement deux mois.
La série noire
16 octobre 2020, 20h50. Premier grain de sable dans la machine avec ce nul concédé à Dijon. Malgré 63% de possession face au dernier de Ligue 1, les Rennais n’ont pas su tenir leur avance au tableau d’affichage. La défense « légère » d’Aguerd et Rugani sur Baldé est pointée du doigt, l’attitude d’une des dernières recrues du mercato aussi. Dalbert, pour sa première titularisation a semblé peu préoccupé par sa nouvelle équipe et loin d’être irréprochable dans l’engagement sur le terrain.
Un nul décevant mis sur le compte de l’entrée en Ligue des Champions, se profilant 5 jours plus tard. Si la performance face à Krasnodar ne fût pas récompensée avec un nul 1 partout, la mauvaise prestation et la défaite 3 jours plus tard, à domicile face au SCO d’Angers, a été bien plus difficile à digérer. Systématiquement pris dans son dos, le positionnement très haut de la défense sans cadrage du porteur de balle par les offensifs et sans gardien libéro permettra aux Angevins d’en coller deux aux Rennais.
La seule éclaircie de cette période post-mercato viendra de la victoire face à Brest, acquise dans la douleur grâce à deux corners convertis en buts par nos deux défenseurs centraux : Damien Da Silva et Nayef Aguerd. Il faudra en profiter puisque s’en suivra 3 défaites sans un but marqué mais avec 7 buts supplémentaires dans la casquette. Résultat d’un collectif usé physiquement et mentalement, de par les défaites comme de par les scénarios, parfois cruels sur certaines rencontres. Cruelle, cette défaite face à Lens samedi dernier ne l’était pas.
A qui la faute ?
Sans idées et sans réels leaders sur le terrain, les maux Rennais ressemblent trait pour trait aux constats de la saison passée à la même période. La sortie médiatique de Julien Stéphan à l’époque fût remarquée, comme la dernière en date ou le coach évoque le maintien. Une parole surprenante à 3 jours de celle du président Holveck, expliquant au micro de France Bleu Armorique qu’il n’y avait pas de crise au club. Mercato raté tant au niveau des départs que des arrivées, triumvirat trop tendres ou joueurs surcôtés ?
Devant la lucarne et dans son canapé, tout le monde semble avoir un avis sur la question. Pourtant, comme la saison passée, nous ne savons toujours pas si le discours du coach Stéphan est compris par les joueurs ou si le problème est tout autre : « Est-ce le discours de Stéphan qui ne passe plus ? La faute revient-elle aux joueurs qui n’ont plus d’envie ? Ou ces derniers sont-ils de plus en plus crispés après avoir enchaîné plusieurs mauvaises performances ? »
Cette dernière possibilité n’est évidemment pas à exclure tant l’équipe semble globalement manquer de confiance. Edouardo Camavinga ne rayonne plus dans son milieu, Hamari Traoré n’a qu’une passe décisive au compteur en 16 rencontres alors que Damien Da Silva, pourtant très affuté en début de saison, semble de plus en plus en difficulté. Une baisse de régime pour notre capitaine qui peut s’expliquer par ce nombre impressionnant de minutes jouées depuis le début de saison : 1530 minutes, plus que tout autre joueur de Ligue 1. La confiance, Julien Stéphan l’a évoquée en conférence de presse ce midi : » Les joueurs ont de la volonté, simplement on a un déficit de confiance en ce moment. Il faut réinstaurer de la confiance dans la tête de tout le monde. »
Quelles solutions ?
Alors que Dalbert devrait être définitivement écarté du groupe et ne devrait plus porter le maillot Rennais, les néo-défenseurs centraux Aguerd et Rugani sont encore aujourd’hui absents et ne peuvent suppléer Da Silva et Gerzino Nyamsi. A court de jus pour être en capacité d’enchaîner des matchs tous les 3 jours, la lumière pourrait-elle venir de la jeunesse du Stade Rennais ? A l’instar de la réception de la Lazio la saison passée, Julien Stéphan pourrait-il faire un gros turn over et aligner les jeunes pousses tout comme certains joueurs en manque de temps de jeu ?
Malgré tout, la compétition est différente et le FC Séville n’est pas dans le même état d’esprit que la Lazio. L’année dernière, les Italiens s’étaient désintéressés de l’Europa League au profit de la Serie A alors que les Sévillans auront à cœur de gagner, après avoir concédé deux défaites. Deux défaites pour 5 buts encaissés et 0 marqué face à Chelsea et ce weekend, contre le Real Madrid. Ne revivons donc pas le même cauchemar que sous l’ère Gourcuff, où ce dernier avait envoyé une équipe plus qu’inexpérimentée se prendre une fessée à Monaco, en Coupe de la Ligue (défaite 7 à 0 en décembre 2016).
Si le sort de l’équipe en Europe est déjà scellé, cette rencontre aura tout de même son importance. D’une part financièrement mais aussi pour le moral des troupes. Si Stéphan ne fait pas de ce match la priorité de la semaine et semble déjà tourné vers le déplacement à Nice, une victoire pourrait remobiliser l’équipe. Quoiqu’il en soit, un discours fédérateur du coach comme de certains joueurs sera indispensable pour relever la tête dans cette période, ô combien difficile. Après ce match de Ligue des Champions, 4 confrontations de Ligue 1 attendent encore les Rouge et Noir avant la trêve hivernale. Il est encore possible de bien finir l’année 2020 pour le Stade Rennais. Et de retrouver cette confiance perdue.